Images en scène

Paris, 1993

Exposition organisée au Palais de Tokyo par l’association Art 3000 et Anne-Marie Cornu en juin 1993.

L’installation réalisée pour cette exposition déclinait plusieurs approches de l’image projetée.

Comment passer de la peinture au cinéma ?

Un travail d’éclairage particulier visait d’abord à faire prendre une image peinte pour une image cinématographique.

La partie droite de la peinture reproduite ci-dessous était éclairée par un projecteur fixe, en lumière blanche, de façon à donner l’impression d’une projection floue. On pouvait ainsi prendre pour une image projetée ce qui n’était en réalité qu’une peinture. La partie gauche était éclairée par un autre projecteur dont la lumière était régulièrement hachée. Il en résultait l’impression d’un vieux film muet aux images saccadées. Ici aussi, la mise en lumière transformait une simple peinture en image projetée. Le dispositif de projection lumineux, artisanal et bruyant, était placé sur une structure en bois, au centre de la salle, et rajoutait du son à cet ensemble.

***

Sur le mur opposé, reprenant les mêmes dimensions et la même partition, une table dressée avec nappe blanche sortait littéralement du mur. Redressée à la verticale, la table devenait tableau et la nappe écran. Le montage vidéo d’un dîner, uniquement cadré sur la table et les mains des convives était projeté sur la partie gauche. La partie droite, elle, ne comportait qu’une seule assiette blanche fixée au centre de la nappe. Elle était éclairée d’une lumière tremblotante. Celle-ci était produite grâce à un bricolage comprenant miroir, verre d’eau et ventilateur artisanal. L’ensemble proposait donc un jeu d’oppositions entre imaginaire et réalité, socialité et solitude, image fixe et image mouvante.

La structure centrale abritait aussi un petit diptyque à base d’images projetées. Sur un écran réalisé grâce à un livre ouvert (Les Maîtres et sous-Maîtres du cadre noir de Saumur), un petit projecteur Super 8 projetait en boucle, sur la page de gauche, des enfants tournant sur un vieux manège de chevaux mécaniques. La page de droite montrait des petites figurines tremblotantes de chevaux projetées en ombres chinoises.

Enfin, sur les murs de la salle étaient collées de nombreuses assiettes blanches, chacune contenant un petit système électronique générateur de bruits aléatoires.

***

Merci à Art 3000, Anne-Marie Cornu et Catherine Benoit.